Accordéon diatonique & chromatique ...argentin
Raùl Barboza
Accordéoniste diatonique & chromatique argentin qui joue la musique des indiens Guarani, sorte de Polka saoulée par les vents argentins de Mazurka à la sensualité créole.
Raùl Barboza est né en juin 1938 à Buenos-Aires d'un père guarani (nord-est de l'Argentine) qui sera un passeur de tradition et de magie musicale. A 7 ans il fusionne déjà avec son premier accordéon diatonique qui deviendra sa seconde peau. A 13-15 ans il s'initie à l'accordéon chromatique qui permet de jouer des harmonies complexes.
Il joue le chamamé*, issu de l'âme des Guaranis, et qui est une musique rurale jouée à l'accordéon, le plus simple de tous, l'accordéon diatonique. Musique métissée de polka, de mazurka, de valse, cette musique n'a rien à voir avec le monde du tango et sa plainte mordante et urbaine.
A partir des échos tombés des salons européens, des sons volés des maisons de maîtres, les indiens Guaranis ont mélangé le tout, aux fonds de leurs mélodies traditionnelles en utilisant le liant de leur mémoire spirituelle.
* Le chamamé est un genre musical traditionnel de la province de Corrientes, Argentina, joué aussi au Paraguay et dans certains endroits du Brésil (Mato Grosso do Sul, Paraná, Rio Grande do Sul). Il rassemble des éléments culturels des Indiens Guarani, des découvreurs espagnols et même des émigrants italiens. Le chamamé est le résultat de l'amour, de la fusion des races qui mélangés avec le temps content l'histoire de l'homme et de son paysage. Il utilise l'accordéon et la guitare comme instruments principaux.
Ainsi a été créée une musique fière et originale dont Raùl Barboza est le grand maître. Les yeux perdus dans l'horizon de son pays guarani, un grand sourire aux lèvres, il pétrit son accordéon comme la terre glaise de sa mémoire.
Raul Barboza au diato
L'esprit du guarani se retrouve plutôt avec le diatonique sur lequel on ne joue pas du tango réservé au chromatique. Car le tango est une musique avec une harmonie importante et le travail des mains est aussi subtil et chaud sur les touches que sur le corps des femmes. Le tango est intellectuel, le chamamé sensuel et sauvage. Le chamamé est fait de rythmes binaires et ternaires qui se mélangent, et cela donne une musique qui danse toute seule.
Le chamamé est inscrit dans la vie quotidienne, celui des locomotives et des chants des oiseaux, des voitures, des camions, de la pluie qui goutte. Musique métisse avec le binaire apportée par les jésuites et le ternaire des ancêtres, le tout sur un instrument des bourreaux. Mais toutes les hosties n'ont point éteint le souffle animiste qui passe encore chez les indiens. Ils ont marié les dieux de chaque arbre avec les anges gardiens et ils continuent de relier le mystère profond de la vie à la nature. Non pas pour respecter la vie pour la vie mais pour respecter l'autre, ainsi respecter aussi son ennemi permet de devenir adulte.
Raùl Barboza sera à la croisée du mélange des cultures celle du tango, celle des indiens Guaranis. Comme à la confluence de deux fleuves, il ne partage pas les eaux, il les noue entre elles. Il fusionne les épices du tango, du jazz, de l'accordéon musette, de collectage des chants indiens, pour tresser un concentré de musique d'exil fouetté par son «swing correntino» du nom de cette province lointaine de l'Argentine, Corientes aux confins des autres terres où se trouve peut-être la terre sans mal.
Dans un même souffle de son accordéon, entre ses notes, il fait paraître et disparaître tango et chamamé, il les marient ensemble...
PS : Merci à Loula de m'avoir fait découvrir Raùl Barboza